Discours d'inauguration prononcé par Hervé GARNIER, Maire de Carlucet, le 9 octobre 2022
Bonjour à toutes et à tous,
Madame la Députée Huguette Tiegna,
Monsieur le Président du Département du Lot Serge Rigal,
Monsieur le Président de CAUVALDOR Raphael Daubet,
Madame et Monsieur les élus départementaux et Vice-Présidents de CAUVALDOR Caroline Mey et Freddy Terlizzy,
Madame et Messieurs les maires des communes voisines Eliette, Lionel,
Merci de votre présence !
En lançant les invitations, nous n’espérions pas autant de réponses positives.
Je dois excuser Madame la Sous-Préfète de Gourdon ; Mr Requier, Sénateur, retenu à Paris ; Guilhem Cledel, Vice-Président de CAUVALDOR en charge de la politique patrimoniale, qui préside aujourd’hui le congrès de l’association nationale des cavernes aménagées ; les maires des communes de St Projet et Séniergues, retenus dans leurs communes, ainsi que les représentants du CAUE.
Cette inauguration aurait dû intervenir plus tôt mais le COVID a beaucoup perturbé les calendriers.
Il y a un dicton local qui dit qu’à Carlucet les chèvres crèvent de soif…
S’il est exact qu’il n’y a plus de chèvres sur notre commune, c’est plus la conséquence du modèle agricole de ces dernières décennies que la soif.
C’est vrai que nous sommes sur le causse et que l’eau qui traverse la commune est souterraine, souvent profonde, et les sources et les puits sont rares.
L’eau c’est la vie !
Nous l’avons collectivement perdu de vue, l’eau de l’adduction ne coule au robinet que depuis le début des années 70.
Avant, souvent, certains s’en souviennent, c’était la citerne avec pompe à l’évier dans la souillarde.
C’était hier, mais nous l’avons oublié, et l’eau à volonté nous semble être naturelle et définitive.
Pourtant, dans un passé qui n’est pas si éloigné que cela, alors que le bourg comptait environ 300 habitants au cours du XIXème siècle, lors des étés très secs, l’eau de pluie ne suffisait pas aux besoins.
En 1828, le Conseil Municipal vote deux journées d’hommes par maison pour être employées sous la direction de l’abbé de l’époque qui avait le don de trouver les eaux souterraines.
La Fontbotte, c’est à l’origine un mince filet d’eau que l’on a cherché à augmenter.
En 1843, il est construit une fontaine avec un réservoir.
Comme ce filet d’eau résistait à la sécheresse, la Fontbotte est devenu une ressource incontournable.
Elle a connu de nombreux travaux et le bâtiment qui vient d’être restauré, c’est le bâtiment tel qu’il était en 1881.
Si, au début de son exploitation, il fallait une demi-heure pour remplir un seau, c’est une réserve de 300 barriques qui était en permanence à disposition de la population.
Réserve qu’il fallait gérer… Il se raconte que, les années de sécheresse, il fallait organiser la surveillance de la fontaine la nuit pour éviter les vols.
L’arrivée de l’eau dans les maisons a fait oublier cette fontaine, même s’il y a toujours eu des habitants qui venaient chercher de l’eau pour boire et des éleveurs qui venaient remplir des citernes pour le bétail.
Elle est toujours potable, mais on ne lui connaît pas de vertu curative ou médicinale, donc pas de concurrence à Miers et Alvignac, Caroline et Freddy peuvent être rassurés et, malheureusement pour nous, pas de casino !
Elle a subi les assauts du temps. C’est en 2018 qu’avec l’ancienne municipalité est née l’idée de la restaurer en lui redonnant son aspect d’origine. Les travaux ont été réalisés par deux jeunes artisans originaires de la commune. Je donnerai la parole à Jean-François pour vous parler des travaux.
Des travaux importants qui se sont élevés à environ 33 000€ subventionnés à hauteur de 60% par la région, la DRAC, le Département du Lot et CAUVALDOR. Soyez-en remerciés ! De tel travaux pour restaurer le patrimoine ne seraient pas possible sans ce soutien.
Vous vous en sortez bien parce dans les années 1800, le livre qui raconte l’histoire de notre village raconte que les travaux étaient en grande partie pris en charge par les élus (conseiller général par exemple) ou les notables locaux sur leur deniers personnels.
Je tiens à remercier Mr et Mme Decombe d’avoir offert à la commune la dorure du lion sur la fontaine, ainsi que Jo Dégat pour les arbres qui ont servi à refaire la charpente.
Pour finir sur note plus sérieuse et plus générale, restaurer le petit patrimoine local, c’est transmettre l’histoire de nos villages, de notre ruralité, aux générations futures : les fours à pain, les calvaires, puits, fontaines ne nous appartiennent pas.
Ils sont le bien commun de ceux qui nous ont précédé et qui l’ont construit à la sueur de leur front.
Ils sont le trait commun avec les générations futures car il faut connaitre son pays, son histoire, ses coutumes pour l’aimer et vouloir y rester.
Les empreintes des mains des enfants de la commune soulignées dans le crépi de cette fontaine aujourd’hui symbolisent cette transmission.
Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de pollution, de réchauffement climatique à juste titre.
Nos modes de vie vont profondément évoluer dans les années futures, il va falloir ré-apprendre collectivement à épargner nos ressources, nous y sommes contraints.
Certains le nient encore, d’autres prêchent la décroissance ou je ne sais quoi. L’excès ou l’outrance ne résolvent jamais rien.
Nous sommes les enfants d’un siècle qui a connu la facilité, grâce au progrès des sciences, qui s’est éloigné de son environnement, qui a joué avec les réserves de notre planète.
Le nier est irresponsable et suicidaire, sublimer un passé souvent fantasmé ne mène à rien.
A l’époque ou se construisait la Fontbotte, les habitants chassaient les derniers loups de la commune. Aujourd’hui, on s’invente des lois et des principes « écolos », voire moraux, et on tergiverse pour un loup isolé qui a élu domicile dans le coin. Je ne suis pas convaincu que ce soit ainsi que l’on construise un nouvel équilibre entre nous et la planète.
Si nous voulons collectivement commencer à la réparer, c’est bien sûr par l’amélioration des connaissances. C’est aussi en se réappropriant les savoirs ancestraux, pas pour les singer, mais pour faire évoluer nos comportements et modes de production.
L’eau, plus que l’énergie, est indispensable à l’homme. Pour l’énergie, on va s’en sortir en mettant des cols roulés ou en baissant la température des piscines, c’est très bien.
Imaginez un été, les robinets de l’évier, de la douche ou de la bergerie qui en viennent à ne plus couler…
La Fontbotte, ce ne serait plus le patrimoine mais la modernité !
Je ne veux pas finir sur un scénario catastrophe, mais essayons, modestement, à notre niveau, de faire évoluer nos comportements.
Nous le faisons en ce moment avec le SDIS pour la prévention incendie, en envisageant de nouvelles réserves. Nous allons continuer à le faire avec d’autres points d’eau de la commune, en les restaurant, mais cela ne suffit pas, il faut aussi imaginer leur utilisation future.
Mais cela est une autre histoire ! Nous vous réinviterons tous pour la raconter.